Thème du congrès

Water and agricultural resilience in the face of climate change

Le congrès ICID 2026, sous le thème « Eau et résilience de l’agriculture face au défi climatique », répondra aux trois questions ci dessous.

Les questions du congrès

Question 66

Face au défi climatique, comment l’irrigation et le drainage peuvent contribuer à la transition agroécologique ?

L’agroécologie est aujourd’hui largement reconnue comme la conception et la mise en œuvre d’une agriculture durable fondée sur des principes écologiques. Elle adopte une approche holistique, multi-échelle et multi-acteurs pour transformer les systèmes alimentaires en réponse aux défis environnementaux, économiques et sociaux.

Traditionnellement, l’irrigation et le drainage — de surface comme souterrain — ont été utilisés pour gérer la disponibilité de l’eau, en l’apportant en l’absence de pluie et en évacuant l’excès lorsque les précipitations sont trop abondantes. Ces outils sont souvent associés à des systèmes agro-industriels intensifs en intrants et nuisibles à l’environnement, apparemment éloignés des principes agroécologiques.

Cependant, face au changement climatique, l’irrigation et le drainage doivent être reconsidérés non pas uniquement comme des outils d’intensification, mais comme des composantes essentielles de systèmes résilients au climat et ancrés dans l’écologie. En ce sens, ils peuvent être requalifiés en solutions fondées sur la nature, capables de stabiliser les rendements, d’améliorer la santé des sols, de réduire les impacts environnementaux et de soutenir une production diversifiée.

Des recherches émergentes — bien que encore limitées — suggèrent que ces pratiques de gestion de l’eau peuvent contribuer activement aux transitions agroécologiques, surtout lorsqu’elles sont combinées aux savoirs traditionnels et à des pratiques adaptées aux contextes locaux. Les instruments politiques et économiques joueront également un rôle crucial pour encourager cette évolution, en alignant les incitations sur des objectifs de durabilité à long terme.

Malgré leur potentiel, les liens entre agroécologie et irrigation restent peu explorés : en avril 2023, seuls 38 articles scientifiques établissaient explicitement un lien entre les deux. Souvent, l’irrigation est mentionnée de manière superficielle, sans analyse approfondie de son rôle transformateur.

Ce congrès entend combler ce manque. Il invite chercheurs, praticiens et décideurs à explorer comment l’irrigation, le drainage de surface et souterrain, et les solutions hydriques fondées sur la nature — lorsqu’ils sont guidés par les principes agroécologiques — peuvent contribuer à construire des systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients pour l’avenir.

Sous-questions :

Q. 66.1:

A l’échelle de la parcelle, du paysage et du bassin versant, quels sont les processus en jeu dans l’interaction entre irrigation/drainage et agroécologie et comment les modélise-t-on ?

Q. 66.2:

A l’échelle de la ferme, du territoire, des filières et des systèmes alimentaires, quelles sont les caractéristiques des systèmes agroécologiques irrigués/drainés  et les modalités d’accompagnement à la transition agroécologiques des systèmes irrigués/drainés ?

Question 67:

Sobriété de l'usage agricole de l'eau : La technologie doit faciliter l'évolution des pratiques. Avertissement, pilotage, télédétection, matériel d'irrigation... Où en sommes-nous ? 

Dans un contexte de raréfaction croissante de la ressource en eau et d’incertitude climatique, améliorer l’efficacité de l’usage de l’eau en agriculture est devenu à la fois une nécessité et une opportunité. Les innovations technologiques — allant des outils de pilotage de l’irrigation aux équipements intelligents et à la télédétection — offrent des pistes prometteuses pour optimiser l’irrigation et réduire la consommation d’eau.

Aujourd’hui, un large éventail de pratiques et de stratégies de pilotage de l’irrigation est disponible pour aider les agriculteurs à appliquer la bonne quantité d’eau, au bon moment et au bon endroit. Cela inclut l’irrigation de précision, l’irrigation déficitaire et les systèmes d’irrigation intelligents qui intègrent des données sur le sol, les cultures et la météo pour guider les décisions.

Les technologies de télédétection — utilisant des images satellites, optiques, thermiques ou radar — sont de plus en plus accessibles et peuvent soutenir une gestion en temps réel de l’irrigation à l’échelle de la parcelle ou du territoire. Lorsqu’elles sont combinées à des capteurs in situ et à des modèles de culture, elles permettent de surveiller avec plus de précision le stress hydrique des plantes, l’humidité du sol et la dynamique de l’évapotranspiration.

La modélisation joue également un rôle clé dans la conception de stratégies d’irrigation, la projection de la demande en eau selon différents scénarios, et l’évaluation des arbitrages entre robustesse et performance. Ces outils sont essentiels pour améliorer la prévision, l’aide à la décision et la gestion des risques dans des conditions de disponibilité limitée en eau.

Cependant, au-delà de la technologie, l’adoption de ces innovations dépend de cadres de gouvernance efficaces. La tarification de l’eau et les instruments politiques doivent être alignés sur des objectifs de durabilité afin d’encourager l’adoption de systèmes d’irrigation efficients et de décourager les pratiques gaspilleuses.

Sous-questions

Q. 67.1:

Les pratiques et technologies d'irrigation au niveau des parcelles et des exploitations agricoles reflètent les compétences, les objectifs, les décisions et les philosophies individuels. Comment les évaluer et les améliorer ?

Q. 67.2:

À l'échelle territoriale, la gestion de l'eau d'irrigation est conjointement déterminée par des facteurs agricoles, économiques, environnementaux et réglementaires. Comment expliquer et améliorer le processus décisionnel ?

Question 68

Eaux non conventionnelles (REUSE, dessalement) : peut-on réellement desserrer l'étau de la ressource et pour quels usages ? 

La rareté de l’eau constitue l’un des défis les plus pressants du XXIᵉ siècle. L’intensification des pressions sur les ressources en eau douce — due au changement climatique, à la croissance démographique et à l’augmentation de la demande alimentaire — souligne la nécessité d’explorer des sources d’eau non conventionnelles, telles que la réutilisation des eaux usées et le dessalement, comme composantes centrales des stratégies de gestion de l’eau, en particulier dans les régions arides et semi-arides comme la Méditerranée.

À l’échelle mondiale, l’agriculture demeure le principal secteur consommateur d’eau, avec un prélèvement annuel estimé à 11 200 milliards de m³. Cette demande comprend environ 2 000 milliards de m³ d’« eau bleue » (eaux de surface et souterraines), 8 400 milliards de m³ d’« eau verte » (eau de pluie) et 800 milliards de m³ d’« eau grise » (retours pollués issus des activités agricoles). Dans les régions caractérisées par un stress hydrique aigu, notamment le bassin méditerranéen, améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et diversifier les sources d’approvisionnement, en intégrant des ressources non conventionnelles, représentent des mesures cruciales pour garantir la durabilité à long terme. Dans ces enjeux, les dimensions humaines, sociales et économiques demeurent des facteurs déterminants.

La réutilisation des eaux usées traitées constitue une stratégie viable pour réduire la pression sur les ressources traditionnelles en eau douce tout en favorisant les principes d’une économie circulaire. Cette eau recyclée peut être utilisée pour l’irrigation agricole, la recharge des nappes phréatiques, ainsi que pour des usages industriels et urbains. De même, le dessalement représente une option importante d’approvisionnement en eau non conventionnelle, notamment dans les régions côtières ; toutefois, sa mise en œuvre nécessite une évaluation rigoureuse en raison de ses besoins énergétiques importants et de ses impacts potentiels sur l’environnement et la santé publique.

Sous-questions

Q. 68.1:

In the context of watereuse (REUSE), how can integrated, interdisciplinary, and territorial approaches contribute to overcoming sociological, economic, and regulatory obstacles?

Q. 68.2:

How can a desalination strategy be designed and developed to specifically meet agricultural needs, both in quantitative and qualitative terms?